Un livre singulier, composé de 101 textes brefs, qui décrivent, chacun, une expérience à tenter, d'une facilité parfois déconcertantes (éplucher une pomme dans sa tête, courir dans un cimetière, répéter le nom d'un objet courant...), dans un but philosophique : éprouver la part d'insolite inhérente aux faits et gestes les plus simples et d'en percevoir physiquement les enjeux métaphysiques.
"J'écris pour tenter d'approcher avec des mots cette forme vide en moi, la circonscrire, comme un chasseur doit, pour savoir tuer, connaître son territoire. Mon fils est mort et je suis encore vivante. Vivante ? (...) Je suis une mère vivante qui a perdu son enfant et qui est redevenue mère deux fois, mère de deux petites filles qui ont un petit frère."
Ingénieur et diplômé de l'université du Missouri, Loïk le Floch-Prigent est directeur de cabinet de Pierre Dreyfuss, ministre de l'Industrie de 1981 à 1982. Il devient en 1982, le plus jeune président de Rhône-Poulenc jusqu'en 1986, puis chargé de mission auprès du ministre de l'Industrie jusqu'en 1989. Nommé par François Mitterrand, il prend la tête de Elf qu'il quitte en 1993, date à laquelle il devient président de Gaz de France. Son départ en 1995 coïncide avec sa nomination à la direction de la SNCF. Il en démissionne [...] le 18 juillet 1996 alors qu'il est incarcéré à la Santé depuis le 4 juillet. L'affaire Elf a démarré. Son successeur, Philippe Jaffré, a déclenché la machine infernale. Consultant international depuis sa sortie de prison le 23 décembre 1996, Loïk le Floch-Prigent prend pour la première fois la plume pour s'expliquer enfin et totalement sur l'affaire ELF. Un acte de courage. Sous forme d'entretiens chapitrés, le livre passe en revue tous les non-dits et les aspects secrets de l'affaire Elf. 24 fois mis en examen, l'auteur s'explique sur chacune d'entre elles, Maurice Bidermann, son ex-femme qu'il plaça à la tête de la Fondation Elf, Leuna, Ertoil, le Vénézuela, les frégates... Il revient aussi sur l'histoire d'un système mis en place au plus haut sommet de l'Etat depuis la fondation d'Elf sous Charles de Gaulle. Manipulé, il avoue l'avoir été. "Chez Elf, chaque fois que je soulevais une pierre, je voyais un scorpion." Le président de la République qui l'a nommé, pense pourtant qu'il est l'homme de la situation. Mais la fin du second mandat de François Mitterrand signe son arrêt de mort. L'ancien président de Elf, qui est resté six mois en détention préventive à la Santé, s'interroge aujourd'hui sur le fonctionnement douteux de la justice qui a conduit une instruction davantage sur l'intuition que sur les faits, dont nombre sont des secrets d'Etat. Loïk le Floch-Prigent fut aussi celui qui ouvrit les portes de Rhône-Poulenc et d'Elf à Alfred Sirven. Il évoque pour la première fois cet "ami" à double tranchant (grognard ou escroc), mais aussi noeud de l'affaire.